Tongres
L’excursion du mois d’octobre nous a menés à Tongres (Tongeren). Nous étions 37 Copines et Copains au rendez-vous de cette journée qui nous a gratifiés d’un soleil généreux et de températures très agréables. En arrivant, nous avons pris un bon petit déjeuner à l’Ambiotel (Veemarkt) avant de nous rendre au pied de la statue d’Ambiorix sur la Grand-Place. Au grand plaisir de nos Copines, nous avons longé de très jolis magasins pendant cette petite balade ! Sur la Grand-Place, nous avons été accueillis par deux guides très sympathiques. Tongres est l’une des plus anciennes villes, si pas la plus ancienne de Belgique. Les guides nous ont d’abord retracé brièvement son histoire.
Après les chasseurs-cueilleurs de la préhistoire, la Hesbaye fut habitée par différentes populations successives d’agriculteurs venus du sud et de l’est. Le sol fertile de la région les y avait attirés. Quelques milliers d’années plus tard, peu avant notre ère, leurs descendants cultivaient toujours la terre avec notamment les Éburons qui formaient une tribu parmi d’autres sur le vaste territoire de la Gaule. Leur plus illustre représentant est bien sûr Ambiorix ! Dès le IIe siècle avant Jésus-Christ, les Romains commencèrent à envahir la Gaule et s’installèrent également dans cette région, ce que n’apprécièrent pas les Éburons. Leur chef, Ambiorix, imagina une ruse pour attirer près de 9.000 légionnaires romains dans une embuscade et les faire massacrer : opération réussie ! Les représailles de César furent terribles, mais Ambiorix parvint à s’échapper de justesse pour disparaître incognito. Sa statue en bronze trône fièrement sur la Grand-Place ; elle a été inaugurée en 1866, mesure 3,90 mètres de haut et pèse 1.100 kg. Il est représenté comme un guerrier moustachu piétinant une couronne de laurier et des faisceaux de licteur romains tout en retenant un aigle. Le roi des Éburons porte la main gauche sur la poitrine et est armé d’une hache de guerre dans la main droite et d’une épée à sa ceinture. Il porte des vêtements d’inspiration celtique. Plus anachronique encore, le piédestal est en forme de dolmen préhistorique.
C’est ainsi que les Romains finirent par coloniser l’endroit et y construire une ville dès le Ier siècle après Jésus-Christ. Lieu d’échanges importants, celle-ci connut un formidable essor économique qui fut toutefois brisé par les invasions germaniques. Après le déplacement du siège épiscopal à Maastricht au IVe siècle, Tongres s’effaça au profit de la cité mosane. C’est à partir de l’époque carolingienne qu’elle reprit vigueur et s’entoura de remparts. Des communautés religieuses s’y installèrent et un béguinage s’y développa. Le grand incendie de 1677, allumé par les troupes françaises de Louis XIV, ravagea presque entièrement la ville, mais encore une fois Tongres se releva de ses cendres. Aujourd’hui, les témoins du passé s’intègrent parfaitement dans des réalisations architecturales du présent.
Après cet aperçu historique, nous avons visité la Basilique Notre-Dame. Depuis 1931, cette splendide église gothique est autorisée à porter le titre papal de basilique. Son histoire est passionnante : la première pierre fut posée en 1240 et l’édifice actuel a connu plusieurs phases de construction qui ont duré trois siècles au total. Malheureusement, le temps nous a manqué pour visiter le site du Teseum où l’on se promène entre les fondations et les découvertes archéologiques. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, la tour ou le beffroi de 64 mètres de haut a servi entre autres de poste d’observation lors des époques troubles. Sa construction a commencé en 1442. Après l’incendie dévastateur de 1677, la ville n’avait pas les moyens de réparer la tour et en a transféré la propriété au chapitre de Notre Dame ; elle est aujourd’hui entièrement intégrée à la basilique. Elle abrite un carillon datant du XVIIIe siècle qui compte 49 cloches. Les carillonneurs adaptent leur art à l’époque contemporaine et assurent ainsi la popularité croissante de cet instrument.
Dès l’entrée dans l’édifice, on est frappé par le Christ roman du XIIe siècle. Dans la sobre et grandiose nef à trois vaisseaux et les chapelles latérales de la Basilique, on admire les plafonds voûtés, les peintures séculaires, les vitraux colorés et les nombreuses sculptures. Elle s’ouvre sur un chœur où trône un superbe retable gothique en bois, œuvre de l’école anversoise (début XVIe siècle) et illustrant l’histoire de la Vierge. L’orgue principal baroque, datant de 1752, a été conçu par le célèbre facteur d’orgues Le Picard. L’autel médiéval est en bois finement sculpté. Une statue de la Vierge Marie en noyer du XVe siècle orne le devant de l’autel. Depuis des siècles, les croyants viennent de loin pour vénérer Marie. L’autorisation accordée par le pape en 1889 de couronner la statue a marqué le début des Fêtes de couronnement. Depuis lors, tous les sept ans, on organise une grande procession attirant jusqu’à un demi-million de visiteurs. Il faut encore signaler le Trésor qui recèle notamment une vaste collection de reliquaires.
Ensuite, les guides nous ont amenés à l’Hôtel de Ville. La maison communale originale se trouvait autrefois au coin de la Grand-Place et de la Sint-Truiderstraat (l’actuelle maison Boulet), jusqu’au grand incendie qui dévasta pratiquement la ville entière en 1677. La construction du nouvel Hôtel de Ville ne débuta qu’en 1737 à l’endroit qui abritait auparavant la Halle aux draps et la Chambre des tailleurs. L’édifice est un bel exemple de style architectural du Maasland. On remarque diverses pierres commémoratives sur la gauche de la façade. Mais d’une façon générale, cette bâtisse nous a semblé familière. Rien d’étonnant à cela, car il s’agit en fait d’une fidèle copie de l’Hôtel de Ville de Liège ! C’est en effet à l’architecte liégeois Pascal Barbier que l’on doit les plans des deux édifices. À l’intérieur, les salles sont décorées de peintures, stucs Louis XV et de meubles mosans liégeois. On est surpris que certaines pièces aient gardé un aspect historique, alors que d’autres sont résolument modernes. Au premier étage, nous sommes passés par la Salle de mariage et le Cabinet du bourgmestre. Au deuxième étage se trouve l’imposante Salle de réception ou de conseil qui a vu passer bon nombre d’hôtes renommés tels que Napoléon. On peut voir ici le portrait des douze empereurs romains depuis le début de l’Empire jusqu’à la fin du premier siècle. Chaque salle porte un nom qui fait référence soit à son nom d’origine soit à celui d’une personne liée au passé historique du bâtiment. D’une façon générale, nous avons gardé à l’esprit la sobriété et la fonctionnalité tant de l’aménagement que de la décoration.
Voilà qu’il était déjà midi et nous sommes retournés à l’Ambiotel où l’on nous a servi un très bon déjeuner. Ensuite, nous nous sommes rendus au Béguinage Sainte-Catherine, une véritable ville dans la ville où, eh oui, deux « béguines » nous attendaient. Tongres comptait déjà des béguines avant l’an 1239. Ces femmes célibataires ou veuves, qui n’optaient ni pour le mariage ni pour la vie monastique, s’installèrent définitivement sur un site fortifié à la Moerenpoort. Il faut savoir qu’au Moyen Âge, l’accès à la ville se faisait uniquement par l’une de ses six portes. Parmi celles-ci, seule la Moerenpoort (en français « Porte de Visé ») datant de 1379 est restée intacte ; aujourd’hui, elle a été transformée en musée historique. Les béguinages sont avant tout une spécificité belge et on les trouve pour la majorité en Flandre. Au sein du béguinage de Tongres, les « demoiselles » vécurent une existence autonome. À l’apogée du début du XVIIIe siècle, le béguinage comptait plus de 300 béguines et 100 maisons. En 1798, lors de la Révolution française, il fut toutefois assiégé. Le béguinage fut exproprié et plusieurs maisons et murs furent intégrés au fil du temps dans l’environnement urbain. Aujourd’hui, les ruelles pavées, les petites places pittoresques, les maisons de béguines et les édifices religieux reflètent toujours l’esprit particulier du béguinage d’origine. Cette « mini-ville dans la ville » exceptionnelle figure à juste titre au rang du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Bien évidemment, c’étaient nos deux mêmes guides qu’au matin, mais difficilement reconnaissables avec leurs habits de béguines (elles avaient même enlevé leur alliance du doigt !). Elles nous ont emmenés à travers ce monde particulier du XVIIIe siècle et nous ont conté moult faits et anecdotes. Comme fil conducteur, elles avaient choisi l’origine de nombreux proverbes néerlandais : qui connaît par exemple l’origine des expressions « aan de haal gaan » (déguerpir) ou « de kluts kwijt zijn » (perdre les pédales) ? Nous avons flâné un bon moment dans ces ruelles pavées, sur les places tranquilles et entre les maisons pittoresques. C’est un magnifique site dirigé autrefois par des femmes fortes ! Ou s’agissait-il plutôt de véritables féministes avant la lettre ? Ce qui est sûr, c’est que tout n’était pas toujours rose au béguinage et les seules personnes qui en savaient quelque chose étaient le curé et l’évêque, seuls mâles autorisés à mettre les pieds dans l’enceinte ! N’oublions pas qu’il y avait quand même aussi la confession !
Mais comment vivaient les béguines jadis ? La réponse nous a été donnée au musée Beghina, situé sur la petite place idyllique « Onder de Linde ». Cette maison authentique et chaleureuse de 1660 comporte quatre niveaux axés sur différents thèmes, trésors et ustensiles de toutes les époques. Parmi les béguines, toutes les couches de la société étaient représentées. Elles se consacraient à la prière et à des activités charitables. Elles vivaient de leurs ressources personnelles et de menus travaux comme la couture, la dentellerie ou encore la lessive pour des « dames riches » en profitant de la proximité immédiate de la rivière Geer pour battre et blanchir le linge, devenu entre autres un lieu d’échange et de bavardage. Peu de temps après 1262, les béguines construisirent une infirmerie pour soigner des personnes âgées et les béguines elles-mêmes. Juste à côté de l’infirmerie, la chapelle érigée en 1294 est dédiée à sainte Ursule ; cette chapelle a été restaurée et accueille aujourd’hui des concerts de musique baroque et d’autres manifestations culturelles. Quant à l’église, elle date de la fin du XIIIe siècle et est dédiée à sainte Catherine, patronne du béguinage. Ses portes sont malheureusement fermées au public. Mais qu’à cela ne tienne ! Sur la pelouse près de l’église, nous avons pu admirer « The Lily Pond », une mystérieuse sculpture moderne qui invite au songe, à l’introspection et la méditation.
Les guides nous ont raconté que les béguines de Tongres pratiquaient 200 jours de « carême » par an ! Alors, quoi de plus surprenant : elles brassaient leur propre bière pour répondre à leurs besoins de « bière quotidienne » ! C’est dans la Sint-Ursulastraat au numéro 7 que se trouve encore la « Brouwhuis » datant de 1644. La Brouwerstraat en face se veut aussi un rappel de cette tradition.
Pour clôturer cette belle journée dans la plus ancienne ville de notre royaume, nous avons précisément eu le privilège de rendre honneur au travail des religieuses d’antan en dégustant la « Dagelyckx bier » ou une exquise limonade de sureau dans les sous-sols du musée Beghina. La bière « Dagelyckx » est une triple bio d’origine limbourgeoise ; qui parmi nous a décelé cet arrière goût à base d’ail ? Il ne nous restait plus qu’à traverser le parc municipal « De Motten » pour rejoindre le car avant le retour à Gembloux.
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