Balade d’automne à Tourinnes-Saint-Lambert

L’après-midi et le soir du mercredi précédant notre balade, la dépression Kirk avait copieusement arrosé nos régions. Heureusement, nous avons profité d’une accalmie le jeudi matin pour notre circuit à Tourinnes-Saint-Lambert, mises à part quelques petites gouttes en fin de parcours. N’empêche, cette météo incertaine avait fait hésiter plus d’un et nous étions finalement 22 courageux au rendez-vous fixé sur le parking du terrain de football du village.

Tourinnes-Saint-Lambert est une section de la commune de Walhain et est arrosée par le ruisseau du Nil qui se jette dans l’Orne à Blanmont, affluent de la Dyle appartenant au bassin de l’Escaut. Tourinnes dérive de l’ancien germanique « Thurnu » qui signifie « épine ». Des fouilles archéologiques ont révélé l’existence d’un vicus romain sur le territoire du village ; sa durée d’occupation s’est étendue du milieu du IIe jusqu’au milieu du IIIe siècle de notre ère. Situé à quelques kilomètres de l’ancienne chaussée romaine Bavay-Tongres-Cologne, ce vicus avait une vocation artisanale liée principalement à la poterie.

Il a fallu attendre, semble-t-il, le XIe siècle pour voir apparaître une nouvelle forme d’habitat avec la création d’un village et de deux paroisses. Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, Tourinnes-Saint-Lambert était subdivisé en de multiples seigneuries dont les plus importantes relevaient des seigneurs de Walhain, du prieuré des Trinitaires de Lerrines, des seigneurs de Glimes et de la baronnerie de Libersart. En 1796, sous le régime français, deux communes sont instaurées : Tourinnes-les-Ourdons et Saint-Lambert Libersart. En 1822, sous le régime hollandais, ces deux communes furent fusionnées pour constituer la nouvelle entité de Tourinnes-Saint-Lambert.

Comme de nombreux bourgs de la Hesbaye brabançonne, le village a conservé quelques grosses fermes ordonnancées selon un plan en quadrilatère. Nous avons rapidement atteint l'église Saint-Servais qui remonte pour l'essentiel à la fin du XVIIIe siècle, à l'exception du premier niveau de la tour dont la tradition raconte qu'il aurait connu sept édifices successifs et qui a conservé les traces d'une ancienne cheminée. Elle est construite en moellons de calcaire gréseux et en briques. Les annexes présentent des parements de pierre de Gobertange. L'intérieur recèle un très bel ensemble de style néo Renaissance et un orgue composite provenant sans doute de l'abbaye d'Argenton.

En contrebas de l’église se trouve le Monument aux morts de 1914-1918, stèle aux victimes de 1940-1945 et pierre du Centenaire de l'Indépendance. On remarquera la présence de deux obusiers allemands de la Première Guerre mondiale. Ils permettaient de tirer avec une inclinaison supérieure à 45° (tir en cloche).

Tout près de là, à l'angle de la rue de Malpas, on peut observer une grande demeure construite en 1718 par le curé Dominique de Gozée. À droite du portail, côté jardin, on remarque la présence d’une pierre commémorative insérée aux armes de l'abbé, avec un phylactère gravé de la devise « SI NON PROFICIS DEFICIS /GABRIEL BRION ABBE D'HEYLISSEN ». (Si tu ne réussis pas, tu échoues ?). En façade intérieure, on distingue des anciennes écuries éclairées par des baies cintrées à clé pendante.

Après une petite marche à travers les champs, nous sommes passés en dessous de l’autoroute E411 pour entrer dans le hameau de Libersart comprenant plusieurs exploitations agricoles toujours en activité. Sur la droite de la route se dresse l’ancienne Grande Ferme ou « Ferme Dewulf ». En forme de quadrilatère, elle remonte à la fin du XVIIIe siècle, mais a été profondément remaniée aux cours des siècles suivants. Les bâtiments sont construits en brique peinte, calcaire gréseux pour les percements les plus anciens et calcaire pour les autres ouvertures. Un peu plus loin, l’ancienne Ferme Brion, datant de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, marque bien l’entrée du hameau. Elle est aujourd’hui reconvertie dans la vente de matériaux rustiques. Le porche d'entrée est flanqué de différentes aires de stabulation ainsi que d'une imposante grange en long dont la charpente repose sur des piliers en brique.

Ensuite, nous avons longé la Chapelle Brion ou Chapelle Notre-Dame de Grâce, isolée à la croisée de chemins de campagne et enfouie sous deux tilleuls. Elle présente une pierre en calcaire portant l’inscription « NOTRE DAME DE GRACE PRIEZ POUR NOUS. ED. P. PAUL BRION VANDER […] / CHAPELLE RECONSTRUITE EN JUIN 1912 ».

Grosso modo aux deux tiers du parcours, nous avons pu observer les tumuli de Libersart. Il s’agit de tombes gallo-romaines témoignant de la présence d’une agglomération rurale à Tourinnes-Saint-Lambert aux IIe et IIIe siècles de notre ère. Ils se dressent au lieu-dit « Les Tombes », en un endroit très élevé situé au carrefour de cinq chemins. Le premier tumulus est le plus modeste : il n'a que 4 à 5 mètres de hauteur et sa circonférence à la base est de 50 mètres. Le deuxième est plus $ imposant : il a une forme conique, 7 à 8 mètres de hauteur et une circonférence à la base d'environ 60 mètres. Néanmoins, ces tertres funéraires n’ont révélé aucun matériel archéologique car ils ont vraisemblablement déjà été pillés. En revanche, des objets de différente nature (fibules, poteries, pièces de monnaie …) ont été exhumés en plusieurs endroits du village.

De là, nous sommes retournés au parking pour reprendre nos voitures et nous rendre au restaurant « Le French Inn » à Gembloux. Surprise : le groupe s’était sensiblement agrandi et nous étions 33 Copines et Copains réunis autour d’un bon petit pot et un casse-croûte bien mérité.ici selon votre inspiration...