Valade de Mazy et de la vallée de l'Orneau

13/08/24

Afin de ne pas interférer avec la fête du 15 août, la balade d’été avait été avancée au mardi qui précède. Il faisait chaud ce matin et certain(e)s avaient préféré ne pas enfiler les chaussures de marche, mais plutôt de nous rejoindre pour le lunch qui suivait : ainsi nous étions respectivement 28 et 35 Copines et Copains pour la balade et le lunch.

Le toponyme « Mazy » indique une petite ferme ou métairie ; sa première mention remonte à 1265. L’origine de la localité doit sans doute être trouvée dans une petite exploitation agricole tenue par un colon d’une villa située à proximité de la chaussée romaine Bavay-Tongres qui court à quelques kilomètres à l’ouest de la localité. Le territoire du village de Mazy était divisé entre trois seigneuries sous l’Ancien Régime : Mazy, Falnuée et Hermoye. Toutes trois se situaient dans le nord du comté de Namur, à la frontière avec le duché de Brabant. En 1626, la seigneurie de Falnuée passa entre les mains de diverses familles nobles. Ensuite, les trois seigneuries fusionnèrent, mais c’est à Falnuée que les paysans venaient s’acquitter de leurs taxes envers le seigneur : un setier d’avoine et une poule à Noël ! En 1692, Louis XIV décida d’entreprendre le siège de Namur ; le 25 mai, il logea au château de Mazy. En 1795, le village devient une commune indépendante du département de Sambre-et-Meuse. Le village perdit sa qualité de commune indépendante lors de la fusion des communes du 12 janvier 1977 ; il rejoignit alors la commune de Gembloux-sur-Orneau qui fut dénommée Gembloux à partir de 1980.

Aujourd’hui, le village compte un peu moins de 1.200 Mazyciens et Mazyciennes ; il occupe 564 hectares et est coupé du nord au sud par l’Orneau. Il s’étend principalement de part et d’autre de la chaussée Namur-Nivelles et de la voie de chemin de fer reliant Gembloux à Tamines. Le Repjoux s’y jette dans l’Orneau, tandis que la Ligne trouve son embouchure dans cette même rivière à proximité de la ferme-château de Falnuée située à l’extrémité sud-ouest de la localité.

Pour notre balade, le rendez-vous était fixé sur le parking près du terrain de football de Mazy. Ici, le bâtiment de l’ancienne scierie hydraulique du Ranil fut aménagé en 1784 pour en faire un laminoir afin de travailler le fer ; la force motrice de l’Orneau, transformée par une roue à aubes, permettait le fonctionnement des machines. En 1854, les frères Dejaiffe rachetèrent le site pour y installer une scierie de marbre, scierie hydraulique qui sera active jusqu’à la Première Guerre mondiale. En effet, il faut savoir que le sous-sol de la localité recèle du marbre noir. Cette roche calcaire appartient au flanc nord d’un grand pli dissymétrique appelé le synclinal de Namur. L’assise compte une épaisseur de douze mètres. Ce calcaire possède toutes les qualités du marbre (c’est-à-dire une roche susceptible de prendre un beau poli et de le conserver longtemps). Il est en outre chargé de matières organiques finement divisées et uniformément réparties dans la masse, ce qui lui confère un noir profond. Commencée à ciel ouvert dans les campagnes de Golzinnes et d’Hermoye, son extraction s’est poursuivie vers 1870 dans des galeries souterraines. L’usine Dejaiffe ferma ses portes dans le dernier quart du XXe siècle. On retrouve le marbre noir de Mazy-Golzinnes un peu partout dans le monde et il a notamment servi à la tombe de la Reine Elisabeth II d’Angleterre.

À l’angle droit de la chaussée de Nivelles et de la rue de Bossière, bordé par l’Orneau, se trouvait le château de Mazy. Quelques mètres plus loin, le Repjoux, venant de Bossière, se jette dans l’Orneau ; c’est également de ce côté de la route qu’était localisé le marteau hydraulique du Maka. Les fours à chaux qui se trouvent de ce côté de la vallée étaient une activité indépendante au travail du marbre. La fonction de ces fourneaux était de produire de la chaux à partir des carrières de pierre calcaire présentes à cet endroit. Ces installations fonctionnèrent jusqu’aux environs de la Seconde Guerre mondiale. La chapelle contemporaine érigée à proximité est dédiée à sainte Barbe.

Plus loin, nous sommes passés à hauteur du Moulin d’Alvaux, un ancien moulin banal. Sur le chemin du retour, nous avons longé la nouvelle Usine Dejaiffe, un ajout plus tardif à la marbrerie. Il s’agit d’entrepôts édifiés en 1924. L’utilisation de ce site comme lieu de stockage, de transformation et de travail pour de nombreux types de pierres s’est maintenue jusqu’en 2016. Dans les alentours proches de la marbrerie Dejaiffe, trois constructions remarquables se distinguent : il s’agit de la Maison Van Honsem, la Villa Dejaiffe (actuellement reconvertie pour accueillir l’association « Le Ressort ») et la Villa Marguerite, bâtie au coin de la chaussée de Nivelles et de la rue de l’Usine. Ces trois bâtisses furent édifiées au tournant du XIXe et du XXe siècles.

L'Orneau - Un souvenir de notre balade par C. Hallaert.

Construite en style néo-roman en 1869, l’église de Mazy est dédicacée à sainte Barbe, patronne de plusieurs corporations de métiers dont le travail est lié au feu et à l’exploitation souterraine. En fait, Mazy relevait au départ de la paroisse de Bossière ; à la suite de la construction de l'église, le village obtint sa propre paroisse en 1871.

Encore un petit effort et la boucle était bouclée. Ensuite, nous nous sommes dirigés vers le restaurant du Golf de Falnuée, situé dans le château-ferme du même nom. Isolé dans la vallée de l’Orneau, il s’agit d’un important quadrilatère de pierre calcaire qui s’est développé depuis le XVIIe siècle à partir d’un donjon daté du XIIIe siècle. L’ensemble est composé, outre de ce donjon, de l’ancien logis seigneurial, d’une chapelle castrale, d’une tourelle et de dépendances agricoles. Le donjon constituait au Moyen Âge une tour de guet du comte de Namur, mais n’assurait pas de fonctions défensives. Il a survécu aux affres du temps et notamment aux passages dévastateurs des armées de Louis XIV.

En 1987, les bâtiments ont été restaurés afin d’y accueillir le golf. Pour notre repas de midi, nous avons été accueillis dans la magnifique salle de la Brasserie NH (pour « Nineteenth Hole » représentant le dix-neuvième trou du parcours de 18 trous) qui jouxte les greens du Golf, sous des voûtes bicentenaires. Les assiettes étaient joliment présentées et nous ont mis immédiatement en appétit. À la dégustation, rien à redire, les goûts et les assaisonnements étaient parfaits, de même que le service … et tout cela à un prix très correct. Une adresse à retenir !