L’intelligence artificielle (IA) : pour le meilleur ou pour le
pire ?

Le conférencier est d’abord revenu sur l’histoire des confrontations entre « L’Intelligence Humaine » et « L’Intelligence Artificielle (IA) d’ordinateurs ». En 1997,le meilleur joueur mondial au jeu d’échecs, Garry Kasparov, est battu par unsupercalculateur IBM américain appelé Deep Blue. En 2017, Lee Sedol, un desmeilleurs joueurs de Go, a perdu le match par 4-1 contre AlphaGo, une IA créée par Deep Mind de Google. Contrairement à Deep Blue, AlphaGo utilise des réseaux neuronaux qui créent et font évoluer leurs règles de comportement ; il n’a donc pas besoin d’une main humaine pour développer ses compétences, mais il s’entraîne contre lui-même et apprend, automatiquement, sa propre expérience. N’empêche, il faut souligner que dans ces deux exemples, un ordinateur développe son « intelligence » dans un seul domaine bien précis.

ChatGPT est un agent conversationnel lancé en 2022 par OpenAI. Il utilise des grands modèles de langage appelés « Transformateurs génératifs pré-entraînés » (Generative Pre-trained Transformer en anglais ou GPT) et est spécialisé dans le dialogue. Il est capable de répondre à des questions, de tenir des conversations, de générer du code informatique et d’écrire, traduire ou synthétiser des textes. Il peut le faire en tenant compte du contexte et de contraintes telles que le style d’écriture.

Néanmoins en raison de ses multiples capacités, ChatGPT suscite des inquiétudes quant aux risques de détournement à des fins malveillantes, de plagiat dans le monde universitaire et de suppressions d’emplois dans certains secteurs, en plus de soulever des préoccupations en matière de sécurité et de désinformation, car le modèle peut être utilisé pour créer des textes faux et des informations trompeuses.

Par exemple, on peut faire réciter un texte par un personnage artificiel ou tout simplement faire revivre une personne qui n’est plus là. D’un autre côté, le système est séduisant pour des personnes qui cherchent à établir des relations amicales avec des personnages artificiels et notamment pour des jeunes ou adolescents qui ont besoin de « tchater » avec quelqu’un de bonne humeur, qui est toujours d’accord …, mais ce n’est pas la réalité de la vie.

En seulement deux ans, l’IA a fait des progrès extraordinaires et continue à évoluer à un rythme effréné. Récemment, en matière de diagnostic médical, l’IA a fait mieux (90 % de réponses correctes) que des médecins sans assistance de l’IA (74 %) et des médecins avec IA (76 %) ! Que ce soit en médecine ou dans d’autres secteurs, on peut se poser la question s’il est encore nécessaire d’apprendre à calculer et à écrire : le conférencier souligne que l’IA est un outil puissant et que, plus que jamais, il est indispensable de former correctement les personnes et surtout les jeunes à l’utiliser intelligemment avec la vigilance et la critique nécessaires.

Le terme « Intelligence artificielle ou IA » a vu le jour au milieu des années 1950. S’il n’existe pas de définition proprement dite, on peut la décrire comme suit : il s’agit de la capacité des machines à effectuer des tâches typiquement associées à l’intelligence humaine, comme l’apprentissage, le raisonnement, la résolution de problèmes, la perception ou la prise de décision. L’IA désigne également le champ de recherche visant à développer de telles machines, ainsi que les systèmes informatiques qui en résultent. En d’autres termes, l’IA permet à des systèmes techniques de percevoir leur environnement, de gérer ces perceptions, de résoudre des problèmes et d’entreprendre des actions pour atteindre un but bien précis. Le conférencier illustre cette description à l’aide d’un ensemble de photos de chiens et de chats pour construire un outil capable d’identifier d’autres chats par l’IA. On y applique ensuite un programme d’algorithmes d’apprentissage qui va générer un modèle. Imaginons que l’on se soit basé uniquement sur des photos de chats blancs et qu’un chat noir se présente : le modèle devra alors émettre un doute ou signaler une inexactitude. Il n’y a donc pas de certitude et tout dépend des données de base qui reflètent en fait le monde tel que l’on veut le voir !

« L’IA générative » est une branche de l’Intelligence artificielle qui permet de créer du contenu original en réponse à des questions précises. Elle peut générer du texte, des traductions automatiques, des images, des vidéos, de la musique, des véhicules autonomes, des aspirateurs intelligents et … des robots. Elle s’appuie sur les grands modèles de langage, les réseaux de neurones et le « Machine Learning ». L’IA générative est capable de produire des contenus inédits comme s’ils avaient été créés par un esprit humain et trouve des applications possibles dans presque tous les domaines. L’IA réussit mieux les examens que les étudiants … !

Cependant, l’IA générative est source d’inquiétudes et de défis éthiques, techniques et socioéconomiques à la hauteur des espoirs qu’elle suscite. En effet, elle peut contribuer actuellement à des usages abusifs, accidentels ou détournés (p.ex. dans le domaine militaire), à une suppression massive d’emplois ou à une manipulation de la population via la création de fake news. Il est évident qu’elle crée de nouvelles interactions entre les humains et les machines. Pour illustrer ses dangers manipulateurs, le conférencier donne l’exemple amusant de deux chansons célèbres : « Amsterdam » de Jacques Brel et « Je l’aime à mourir » de Francis Cabrel. À partir du début des paroles de base, l’IA générative est capable de poursuivre la composition des textes, mais aboutit finalement à un non-sens absurde. N’empêche, certains experts craignent que les IA génératives à venir soient capables de manipuler les humains, d’exploiter des failles dans la cybersécurité, voire d’acquérir peut-être une forme de conscience ou de devenir incontrôlables au point de menacer l’existence de l’humanité. Du point de vue du conférencier, il faut se montrer rassurant à ce niveau et il estime que, dans le passé, l’humanité a toujours su s’adapter aux évolutions technologiques …

Une séance de questions/réponses très intéressante a suivi la présentation. Elle a notamment porté sur l’inquiétude vis-à-vis des nouveaux logiciels chinois et russes, sur le risque que l’IA mène à une concentration des richesses et des pouvoirs, sur les risques et les possibilités insoupçonnées dans le domaine médical avec l’intégration de puces dans les robots humanoïdes, voire dans des prothèses ou même le cerveau humain …

Dans le monde actuel, la plupart d’entre nous sont inquiets et se sentent dépassés par les avancées extrêmement rapides dans le domaine de l’Intelligence artificielle. Monsieur Yves Deville prend très à cœur la vulgarisation des progrès scientifiques et a parfaitement réussi à passer un message clair et à donner des enseignements utiles même aux plus novices en la matière, leur permettant de rester confiants vis-à vis de la présence de plus en plus spectaculaire de l’IA dans notre environnement immédiat et notre vie de tous les jours.