Minitrip en Normandie
Du 31 août au mardi 03 septembre 2024
Comme déjà précisé ailleurs, ce 70e séjour de Copin’Age en dehors des frontières de notre royaume nous a menés en Normandie. Le programme était centré sur quatre grands thèmes : un voyage dans le temps avec un arrêt à Rouen, le charme de la Côte Fleurie et de la Côte d’Albâtre, la beauté des villages et paysages du Pays d’Auge ainsi que les spécialités gourmandes du terroir. Vous trouverez ci-après le compte rendu de ce voyage.
Le premier jour, nous nous sommes arrêtés à Rouen où nous avons pris le repas de midi au restaurant « La Walsheim » installé dans une demeure historique bâtie au XVe siècle en plein cœur du Vieux-Rouen. Ensuite, nous avons traversé la rue de la République pour nous rendre à L’Historial Jeanne d’Arc situé au pied de la cathédrale. L’Historial a été inauguré en mars 2015 et est emménagé dans le Palais archiépiscopal (l’Archevêché), bâtiment d’une grande qualité architecturale porteur d’une identité médiévale forte. Il abrite entre autres les vestiges de la salle dite de « L’Officialité » où fut prononcé la condamnation de Jeanne d’Arc en 1431 et où s’est déroulé en 1456 son procès en réhabilitation.
L’Historial Jeanne d’Arc n’est pas un musée traditionnel avec des œuvres classiques ou des objets de collection, mais il s’agit plus précisément d’un parcours-spectacle retraçant l’épopée de l’héroïne : de ses actions militaires pour la reconquête du trône de France à son supplice sur le bûcher, projections, écrans, mappings 3D … et images ont défilé sous nos yeux et nous ont fait revivre cette histoire épique et captivante du XVe siècle. Ainsi, nous avons remonté le temps en 1456 au cœur du procès mené par Jean II Juvenel des Ursins, archevêque de Reims, visant à réhabiliter celle qui, jugée « hérétique », fut brûlée vingt-cinq ans plus tôt sur la place du Vieux-Marché. En fait, l’Historial a une double ambition : faire (re)découvrir l’épopée et le destin incroyable de Jeanne d’Arc mais aussi mettre en lumière son mythe construit au fil des siècles ou comment l’Histoire et les Hommes ont intégré, mémorisé, interprété et parfois instrumentalisé ce personnage universel. Pour finir, nous avons profité de notre visite pour découvrir la magnifique Salle des États et la lumineuse Chapelle d’Aubigné de l’Archevêché datant du XVIIIe siècle.
Il nous restait encore un peu de temps pour jeter librement un coup d’œil dans la Cathédrale Notre-Dame, officiellement Cathédrale primatiale Notre-Dame-de-l’Assomption de Rouen, située juste à côté de l’Historial. L’archevêque de Rouen portant le titre de Primat de Normandie, sa cathédrale a ainsi le rang de primatiale. Détruite lors des invasions vikings en 841, puis partiellement en 1944 par les bombardements des alliés, c’est un édifice en perpétuelle évolution. En d’autres termes, il s’agit d’une construction d’architecture gothique dont les premières pierres remontent au haut Moyen Âge. La tour Saint-Romain du XIIe siècle abrite le plus imposant carillon de France composé de 64 cloches. On est également fasciné par la beauté de la façade occidentale à la largeur inhabituelle de 61 mètres et aux 70 figures sculptées. Puis, il y a la tour de Beurre qui, depuis le XVIe siècle, tire son nom des dons versés par les diocésains pour obtenir de droit de manger du beurre pendant le carême. Sans oublier la flèche de fonte qui, édifiée au XIXe siècle, s’élève à 151 mètres ; à ce propos, rappelant que la cathédrale de Rouen est la plus haute de France et était même le plus haut bâtiment du monde au moment de son achèvement en 1876. À l’intérieur, dans le chœur, se trouvent la sépulture de Rollon, fondateur du duché de Normandie, et le cœur de Richard Cœur de Lion qui le fit déposer ici en « remembrance d’amour pour la Normandie ». Claude Monet ne s’y est pas trompé : subjugué par sa beauté, il a peint inlassablement la cathédrale dans une série de tableaux devenus des chefs-d’œuvre qui ont fait le tour du monde.
Quelques-uns se sont avancés plus loin jusqu’au GrosHorloge, un autre monument emblématique de la ville de Rouen. La construction, accolée à un beffroi, est constituée d’une arche Renaissance enjambant la rue du Gros-Horloge et surmontée d’une horloge astronomique du XIVe siècle. Sous le chiffre VI, la divinité symbolisant la semaine apparaît à midi sur un char de triomphe. Audessus du cadran, un globe indique les phases de la lune.
C’est ici que s’est achevée cette première journée avec un voyage dans le temps. De là, Thierry nous a amenés à l’Eden Park Hôtel-Restaurant situé au bord du Lac de Pontl’Évêque où nous avons logé trois nuits. Il s’agit d’un hôtel 3*** confortable et son restaurant offre une vue panoramique sur le lac artificiel créé à la suite de la construction de l’autoroute A13 dans les années ’70. Déjà le premier soir, le chef nous a fait déguster des produits du terroir normand. Après cette longue journée, nous étions contents de nous glisser sous une couette douillette. Bonne nuit !
Au matin du deuxième jour, nous avons été pris en charge par notre guide Florent qui nous a emmenés en direction de la mer et plus particulièrement vers la Côte Fleurie, terme qui fait référence à la campagne riante et fleurie de l’arrière-pays avec notamment les pommiers en fleur. Pendant le trajet, il nous a présenté quelques particularités et les différents visages de la Normandie. Le nom vient du peuplement du territoire par les Vikings (« hommes du Nord »), principalement des danois et norvégiens à partir du IXe siècle. Aujourd’hui, la Normandie est restée essentiellement une région rurale ; le tourisme s’y est développé depuis l’installation du réseau ferroviaire. Le long de la route, notre regard a été attiré par de jolies demeures munies d’un toit de chaume confectionné à partir de matériaux naturels tels que la paille et surtout le roseau, où le faîtage est couvert d’une plantation d’iris. En renforçant l’étanchéité, en offrant une isolation thermique naturelle et en augmentant la résistance aux intempéries, ces iris contribuent à la durabilité et à la performance des toits de chaume. De plus, leur aspect esthétique unique permet de créer une ambiance bucolique et pittoresque.
Notre première destination était Deauville, station balnéaire très prisée par les Parisiens. En arrivant, nous avons longé le fameux Hippodrome de Deauville-La Touques : très réputé pour ses courses hippiques, c’est un vaste espace de 75 hectares construit en 1863. Notre petite balade à pied nous a d’abord amenés dans le Vieux-Deauville, également appelé le quartier du Coteau. C’était un modeste village normand de 200 habitants il y a plus de 900 ans ; il était entouré de marécages qui ont été asséchés pour donner lieu à l’implantation de la ville actuelle. L’ancienne église Saint-Laurent avec son clocher d’origine mérite une halte. De même, de nombreuses maisons avec des façades en colombages confèrent un charme pittoresque à ce quartier. La Villa Strassburger, érigée entre 1907 et 1912, constitue un véritable joyau de l’architecture de la Belle Époque. De plus, le baron Henri de Rothschild avait fait construire cette merveille sur le terrain d’une ancienne ferme de l’illustre écrivain Gustave Flaubert. Citons également le célèbre Casino inauguré en 1912 et situé près de la plage. Plutôt de style classique, il contient plusieurs espaces de distraction : 3 restaurants,
2 bars, un cinéma, un théâtre à l’italienne, un night-club et un magnifique salon de réception ; bref, un emblème de la région, unique par son histoire et sa clientèle de haut de gamme. Tout près de là se trouve « L’Hôtel Royal » construit dans une architecture traditionnelle régionale de style manoir-cottage anglo-normand à colombages vert pastel et de damiers de pierres. Les Chefs d’État s’y sont retrouvés en 2011 pour le G8, tandis que le Royal accueille depuis 1975 les grandes stars du Festival du Cinéma Américain de Deauville. Eh oui, chaque année en septembre, Deauville est en pleine ébullition : les cinéphiles sont là pour assister aux projections inédites et pour admirer les superstars américaines.
Puis, nous nous sommes retrouvés à la plage de sable fin tamisé, nettoyé … et plus précisément sur les Planches de Deauville ! C’est un lieu parfait pour la promenade, pour
« voir et être vu » ! Il s’agit d’une longue allée de lattes de bois devant les légendaires cabines de bain de style Art Déco installées depuis 1923. En 1990, les noms de stars de cinéma sont inscrits à la peinture noire sur les balustrades devant les cabines. Ici, toute circulation en voiture est évidemment proscrite, excepté le 25 mai 1987 lorsque la reine Élisabeth II du Royaume-Uni s’y est promenée en Rolls-Royce par dérogation spéciale. Peutêtre les Planches n’existeraient pas sans un autre lieu, plus méconnu : les Bains pompéiens. Inaugurés en 1924, ce bâtiment était novateur et a annoncé les débuts de la thalassothérapie. Enfin, il y a les autres véritables stars de Deauville : les parasols multicolores – rouge, bleu, jaune, vert et orange – avec comme particularité le tour qui permet de créer une zone d’intimité et de se protéger des vents dominants.
Nous avons quitté ce lieu huppé pour faire un petit tour dans la ville voisine, Trouville-surMer où c’était le jour du marché. Sur le trajet, nous avons emprunté le Pont des Belges, nommé ainsi en hommage aux soldats libérateurs de la ville en 1944. Au XIXe siècle, l’ancien village de pêcheurs est devenu avant tout une destination touristique notamment grâce à la mode des bains de mer, même si l’on y pratique encore aujourd’hui la pêche à la crevette grise, au maquereau, à la coquille Saint-Jacques et à la sole. Plus ancienne que sa voisine, Trouville a également séduit plusieurs artistes peintres qui étaient manifestement attirés par les estivants fortunés sensibles aux tableaux et portraits impressionnistes. Avec sa plage longue de 1,2 kilomètre et ses planches, cette station balnéaire est aujourd’hui connue pour un tourisme assez familial et elle cultive son patrimoine culturel ainsi qu’une certaine douceur de vivre ; elle développe également une clientèle de curistes avec ses bains de mer vivifiants. Sur le plan architectural, les villas au bord de la mer sont toutes de styles différents : à l’époque, on s’inspirait des découvertes lors de voyages et on les adaptait selon ses propres inspirations. Cela donne à ces grandes demeures un côté original qui fait tout leur charme. Citons en particulier l’Hôtel de Ville et surtout l’imposant bâtiment du Casino construit en 1912 et qui se déploie sur 6.500 m2.
Nous avons poursuivi notre parcours jusqu’à Honfleur située sur la rive sud de l’estuaire de la Seine. Elle est surtout connue pour son Vieux-Bassin, joyau intemporel qui évoque une atmosphère enchanteresse où le passé maritime rencontre le charme pittoresque. Les terres appartenaient initialement à madame de Montpensier qui, en bonne femme d’affaires, a eu l’idée brillante de vendre des petites parcelles de terrains, ce qui explique les maisons aux façades étroites (de trois à sept étages) et recouvertes d’ardoises. Aujourd'hui, la plupart des rez-de-chaussée du quai Sainte-Catherine sont occupés par des restaurants et des brasseries. Cet endroit idyllique a été maintes fois représenté par des artistes peintres dont Gustave Courbet, Eugène Boudin, Claude Monet et d’autres, formant l’École de
Honfleur. L’appellatif « -fleur », jadis « -fleu », est assez courant en Normandie et signifie
« fleuve » ; le préfixe « Hon- » trouve probablement son origine dans le nom d’un chef viking. Honfleur est plus ancienne que Deauville et Trouville : la première mention écrite attestant son existence émane de Richard II, duc de Normandie, en 1025. Par sa situation géographique privilégiée, elle bénéficiait d’une position stratégique tant sur le plan commercial qu’économique et le noyau de la ville (quartier de l’Enclos) a été entouré de murailles dès le XIIIe siècle pour se protéger des Anglais, mais il n’en reste que peu de vestiges aujourd’hui. Du XVIe au XVIIIe siècles, une partie de la richesse de la cité était notamment assurée par la Grande Pêche sur les bancs de Terre-Neuve, la pêche à la morue, et le commerce des peaux.
Nous avons commencé la visite dans le quartier de l’Enclos. Les façades de bon nombre de maisons ont gardé leur aspect moyenâgeux avec leurs pans de bois. Nous nous sommes d’abord arrêtés devant l’un des deux Greniers à sel construits par Colbert au XVIIe siècle avec les pierres de démolition des remparts ; la charpente des toits, en bois de châtaignier, a été construite par des charpentiers de marine en forme de coque d’un bateau renversé. Ces greniers ont été conçus pour abriter les sels nécessaires aux armements pour la pêche au hareng et à la morue et pour entreposer les sels sur lesquels se percevait l’impôt de la Gabelle. Quand certains se disaient trop pauvres pour payer l’impôt, un inspecteur passait chez eux pour goûter la soupe ; si celle-ci était salée, les habitants devaient quand même régler l’impôt en question. Puis, nous sommes passés devant le Manoir de Roncheville, ancienne résidence des gouverneurs de Honfleur. Que dire de la Pharmacie du Passocéan avec son fameux remède mystérieux en flacon contre le mal de mer (elle est définitivement fermée) ? Et derrière se cache le plus petit musée de France (8 m2) qui abrite une collection d’objets insolites ayant appartenu à Alphonse Allais, auteur honfleurais connu pour son humour décapant et sarcastique (ex. : « Les gens qui ne rient jamais ne sont pas des gens sérieux ») ! Plus loin, nous avons parcouru les pavés de la rue des Petites Boucheries, autrefois quartier des bouchers de la ville où les maisons à colombages témoignent du passé artisanal de la région, avant d’emprunter la rue de la Prison, imprégnée d’une atmosphère mystérieuse et envoûtante où les façades anciennes évoquent les récits des prisonniers d’autrefois et où l’on peut visiter actuellement le Musée d’Ethnographie et d’Art populaire.
Nous avons fait une petite halte dans le port (Vieux-Bassin) pour la photo de groupe avant de poursuivre jusqu’à la Lieutenance, édifiée au XIVe siècle par le roi Charles V et qui se dresse majestueusement près de la Porte de Caen, ancienne entrée fortifiée. La Lieutenance comporte deux parties : le soubassement, en pierre, est ce qui reste de l’enceinte ; au-dessus, les bâtiments en brique et pierre datant du XVIIe siècle abritèrent les appartements du lieutenant du roi jusqu’à la Révolution, d’où son nom. Il y avait autrefois un beffroi au-dessus du toit et une horloge ; le beffroi contenait une grosse cloche qui servait à sonner l’alarme, à donner le signal de couvre-feu et à appeler les bourgeois aux réunions publiques.
Bien sûr, nous ne pouvions pas manquer l’Église Sainte-Catherine. Elle date du XVe siècle et présente une structure en bois. À l’intérieur, les voûtes en forme de coque de bateau et les piliers majestueux créent une atmosphère solennelle et apaisante. De même, les magnifiques vitraux baignent l’espace de lumière colorée. Le clocher est entièrement détaché de l’église. De là, nous avons regagné le restaurant « Alcyone » où l’on nous a servi une vraie spécialité de la région : la choucroute de la mer. C’est vraiment spécial !
Après le programme assez chargé du matin, celui de l’après-midi convenait davantage aux adeptes du farniente. Thierry a emprunté le célèbre Pont de Normandie sur la Seine étincelante (les J.O. obligent !) pour nous amener à Étretat située sur la Côte d’Albâtre dans le département de Seine-Maritime. Sa renommée repose sur les plages de galets et les impressionnantes falaises de craie blanche, avec la falaise d’Amont, la Manneporte et la falaise d’Aval comme véritables icônes naturelles immortalisées par de nombreux peintres de renom tels que Claude Monet et Gustave Courbet. Mais
Étretat, c’est aussi une invitation à la découverte de ses trésors cachés : la légendaire « Aiguille Creuse », illustrée par Maurice Leblanc dans Les Aventures d’Arsène Lupin, continue de nourrir l’imaginaire.
Beaucoup d’entre nous ont profité de ce moment de temps libre pour prendre un bol d’air au bord de la plage et passer un moment agréable autour d’un verre sur une terrasse. Mais quelques-uns ont pris leur courage à deux mains pour monter en haut des falaises. Là-haut, la vue sur Étretat est à couper le souffle, pour autant qu’il en restait encore après avoir monté la volée d’escaliers qui y mènent. Fermement cramponnée à la falaise d’Amont, Notre-Dame-de-la-Garde veille sur Étretat depuis plus de 160 ans. Construite au milieu du XIXe siècle, cette chapelle dédiée à la Sainte-Vierge a nécessité la force de nombreux marins pour acheminer les matériaux de construction jusqu‘en haut. Détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, la chapelle a été reconstruite en 1950. Aujourd’hui, c’est un lieu d’exposition et de rencontre. Puis, il faut se souvenir d’une autre épopée : le 8 mai 1927, deux valeureux aviateurs qui tentaient de traverser l’Atlantique Nord sans escale à bord de leur biplan baptisé « L’Oiseau blanc » ont survolé les falaises d’Étretat : c’est la dernière fois qu’on aperçut l’avion qui transportait Charles Nungesser et François Coli. Quelques semaines après la tentative des malheureux pilotes français, c’est finalement Charles Lindbergh qui franchira l’Atlantique, de New York à l’aérodrome du Bourget aux commandes du « Spirit of Saint-Louis ». En 1928, un monument fut érigé sur la falaise d’Amont en mémoire aux deux Français. Détruit en 1944, il fut remplacé en 1962 par une flèche en béton de 24 mètres de haut, inclinée à 60° et pointée vers le ciel.
Le troisième jour, nous avons pris la direction du Pays d’Auge avec ses beaux villages, ses manoirs en pan de bois du XVIIe siècle, maisons à colombages, ses églises et lieux de patrimoine, ses vergers et ses pâturages avec leurs vaches normandes à « lunettes » (taches noires autour des yeux). Nous nous sommes d’abord arrêtés à Pont-l’Évêque qui se trouve au confluent de trois rivières (la Touques, la Calonne et l’Yvie) et qui a toujours été un important lieu de passage et de commerce. Ici, une des principales attractions est l’ancienne prison en brique et en silex noir, construite entre 1813 et 1823. C’était une prison mixte ! Elle fut surnommée la « Joyeuse Prison » en raison d’un gardien débonnaire avec les prisonniers. En effet, la porte était ouverte à condition de rentrer au petit matin ou le soir ! Un célèbre gangster nommé René Girier (alias René la Canne) y est incarcéré après un cambriolage chez un bijoutier à Deauville. Il s’en évade dans les années ’50, mais de façon conventionnelle afin que le gardien, avec qui il s’était lié d’amitiés, n’ait pas d’ennui. N’empêche, c’est après cette évasion que la prison ferma définitivement ses portes.
Ensuite, Florent nous a dévoilé quelques autres sites qui ont marqué l’histoire de la ville. À côté de la prison se trouve le Couvent des Dominicaines datant des XVIe et XVIIe siècles. Il fut construit en pan de bois et abritait les religieuses jusqu’en 1792, avant d’être réquisitionné lors de la Révolution. Une partie du bâtiment fut détruite pour construire la prison et le tribunal. Aujourd’hui, c’est devenu l’Espace Culturel des Dominicaines. Devant le Tribunal de Première Instance se dresse la Fontaine de Brossard inaugurée en 1855 ; tous les dimanches de juillet et août, cette place est le théâtre du marché campagnard à l’ancienne. L’Église Saint-Michel (parfois surnommée Cathédrale des Herbages), de style gothique et gothique flamboyant, se situe sur la rive gauche de la Touques. Son mobilier date du XIXe siècle. En entrant dans l’édifice, on aperçoit une très grande toile du peintre Jules Grün (1868-1938) représentant la sortie de l’église du Breuil-en-Auge en 1934 ; d’ailleurs, le peintre y apparaît lui-même et certains Breuillois y reconnaissent leurs ancêtres. Tout près de l’église, on peut admirer le très joli Jardin de Dièreville. Encore un mot de l’Hôtel Montpensier. Il est remarquable par son élégance et son architecture, un alliage de brique Saint-Jean rose et de pierre calcaire ; le décor en damier a été inspiré de l’architecture parisienne. La légende indique que cette demeure était le pied à terre d’AnneMarie-Louise d’Orléans, vicomtesse d’Auge, mais celle-ci n’est jamais venue sur ses terres. C’est un notaire chargé de la vente au XIXe siècle qui aurait inventé cette histoire afin de vendre le bien plus cher et plus rapidement. Cette demeure abrite actuellement la Bibliothèque.
Ce lundi matin se tenait le marché traditionnel à Pont-l’Évêque. Avec les Pontépiscopien(ne)s, nous avons passé un moment convivial sur ce marché où l’on trouve moult produits régionaux comme les fromages normands, viandes, fruits et légumes, beurre et crèmes, Calvados, Pommeau … L’endroit est bien mis en valeur par des bacs à fleurs magnifiquement entretenus.
Ensuite, nous avons continué notre circuit jusque Beaumont-en-Auge comptant quelque 400 habitants, mais qui regorge de bâtiments au riche passé historique. Plusieurs d’entre eux accueillent aujourd’hui des galeries d’art et autres boutiques originales. Du haut de ses 90 mètres d’altitude, Beaumont-en-Auge surplombe la Vallée de la Touques. Comme il faisait beau ce matin, nous avons même pu apercevoir la mer depuis le point panoramique ! À vol d’oiseau, les stations balnéaires de Deauville et de Trouville sont à peine à 8 kilomètres. Sur le square se trouve la statue de Pierre Simon de Laplace (1749-1827), homme politique, astronome, physicien et célèbre mathématicien à qui l’on doit la théorie des probabilités. Un peu plus loin est représenté un autre enfant du pays : Jean-Charles Langlois (1789-1870), dit le Colonel. Il était militaire et peintre et est représenté avec son carnet de croquis et un crayon dans les mains.
Beaumont-en-Auge a été déchirée par les invasions et les guerres de religion, mais elle a également joué un rôle important dans l’histoire de France. Avant l’ère chrétienne, les Celtes qui peuplaient la Normandie ont dû occuper ce piton facilement défendable. L’Église SaintSauveur remonte à l’époque carolingienne, en 847. Le Prieuré a été fondé en 1060, donnant au village une stature régionale. L’apogée de Beaumont est atteint pendant les années 1776-1792 où son collège royal, école militaire, a formé les grands esprits précités. Le Prieuré n’a pas survécu à la Révolution et l’actuel église paroissiale est l’ancienne église priorale.
Il était déjà midi et Thierry nous a conduit à Lisieux où nous avons pris le déjeuner. Il nous restait ensuite un peu de temps libre pour jeter un coup d’œil dans la fameuse Basilique Sainte-Thérèse de Lisieux. L’idée d’ériger une basilique à Lisieux en l’honneur de celle qui venait d’être canonisée en 1925 rencontra bien des oppositions dans le clergé local : la ville possédait déjà de nombreux édifices religieux et, d’autre part, on estimait que le culte de Thérèse n’aurait qu’un temps. Mais le 11 juillet 1937, le futur Pape Pie XII a procédé à la bénédiction solennelle de la basilique pour laquelle les travaux (vitraux et mosaïques) ont été arrêtés en 1954. L’édifice est de style néo-byzantin inspiré de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. Ses dimensions sont très imposantes : superficie totale de 4.500 m2 ; hauteur du dôme de 90 mètres ; longueur de 104 mètres. La basilique peut accueillir 3.000 fidèles ; du fait de l’absence de colonnes, ils ont tous une vue sans obstruction. Quant au campanile resté inachevé, il abrite 51 cloches dont la plus grosse, le bourdon (9 tonnes), porte la devise en bronze : « Je sonne l’appel des peuples à l’unité dans l’Amour ».
L’après-midi, nous avons continué vers le Haras d’Écajeul à Le Mesnil-Mauger (Mézidon
Vallée d’Auge) situé en plein cœur du Pays d’Auge, l’une des meilleures régions pour l’élevage des chevaux avec un climat tempéré, une terre fertile et des herbages verts du printemps à l’hiver ; les besoins sont de 1 à 1,5 ha par animal. On compte environ 15.000 chevaux dans le Pays d’Auge, qu’il s’agisse de chevaux de selle, de polo ou de Pur-sang, répartis dans quelque 300 élevages. Nous avons été très chaleureusement accueillis par Isabelle et Jean-Luc Bara qui nous ont fait découvrir les coulisses de leur haras familial créé en 1947, un véritable berceau du Pur-sang. Dès le début, les succès sont arrivés très vite avec trois gagnants du Prix du Jockey Club et un gagnant du Prix de l’Arc de Triomphe. L’élevage familial s’est également distingué en courses d’obstacles avec Fils d’Écajeul, auteur d’un grand palmarès sur le célèbre hippodrome d’Auteuil. Aujourd’hui encore, le haras accueille des juments pour la reproduction et l’élevage des poulains, le débourrage et le pré-entrainement au sein d’une structure d’une cinquantaine d’hectares, comptant un manège et une piste d’entrainement. Une autre réputation du Haras d’Écajeul vient de sa méthode de débourrage : le chuchotement. Avec cette technique douce, tout se joue avec les yeux et les mots, sans avoir à toucher l’animal. Très rapidement, le cheval accepte l’autorité et vient renifler le sol en signe de soumission ; huit jours plus tard, il est définitivement prêt à être monté.
Après cette présentation du Haras, le propriétaire a fait défiler quelques chevaux et quelques juments avec leurs poulains. Waouh, quelles belles bêtes ! Tout a commencé aux XVIIe et XVIIIe siècles où les Anglais inventèrent les courses de chevaux pour lesquelles ils développèrent une race qui est à la base des chevaux de compétition actuels, le « thoroughbred », traduit en français par « Pur-sang ». Ce fut le résultat de croisements entre juments locales et étalons arabes ; exportés dans le monde entier, on compte aujourd’hui en millions le nombre de Pur-sang élevés.
Le Pur-sang est le plus rapide coureur du monde équin. Ce sont des chevaux de grande taille, généralement de 1,57 à 1,73 voire 1,80 mètres au garrot pour un poids de 400 à 500 kg en moyenne. Ils sont généralement classés par « types » en fonction de la distance des courses pour lesquelles ils sont sélectionnés. Les cavaliers confirmés sont souvent les seuls capables de canaliser leur influx nerveux et leur forte personnalité. Jean-Luc Bara nous a décrit le Pur-sang comme un cheval délicat qui se distingue en premier lieu par sa finesse, son agilité et sa vitesse. C’est avant tout un très grand athlète qu’il faut respecter, câliner et en prendre soin. Pendant plus d’une heure, Jean-Luc a partagé son savoir-faire avec nous. Ensuite, Isabelle nous a gâté avec une généreuse et délicieuse dégustation de produits régionaux. Ce fut une visite exceptionnelle !
Une excellente mise en bouche avant un bon dîner à l’hôtel et c’était déjà le dernier soir pour se retrouver autour d’un petit verre au bar avant de commencer à préparer les valises. Également le moment de faire les derniers beaux rêves … normands !
Le quatrième jour était consacré à la Normandie gourmande. Après avoir chargé les valises, Thierry nous a amenés à la Fromagerie Graindorge située à Livarot-Pays-d’Auge. Si la terre du Pays d’Auge est propice à l’élevage des chevaux, elle l’est aussi à l’élevage des vaches normandes. Ici, l’herbe est riche et permet d’obtenir un lait de qualité. C’est ainsi qu’elle a donné naissance aux quatre fromages au lait cru : Livarot, Pont-l’Évêque, Camembert de Normandie et Cœur de Neufchâtel. Depuis 1910, la Fromagerie Graindorge est spécialisée dans la fabrication de ces quatre fromages AOP (Appellations d’Origine Protégée) normands bien que seulement les deux premiers sont produits sur place dans les installations que nous avons visitées. La fromagerie s’adapte continuellement à la demande des consommateurs, aux exigences de la distribution et aux normes agroalimentaires, mais sans rien perdre de l’esprit de ses origines.
Nous avons découvert les ateliers fromagers à travers un couloir de galeries vitrées permettant de comprendre les différentes étapes de la fabrication des fromages. Chaque salle nous a plongés dans une étape différente : la collecte du lait à la ferme, son analyse en laboratoire, la fabrication (moulage, salage …), l’affinage en hâloirs et le tri, le liage des Livarots et l’emballage. En fin de visite, nous avons profité d’une dégustation des quatre fromages permettant de découvrir les goûts et les arômes spécifiques de chacun d’eux. Bien sûr, nous avons terminé par le passage dans la boutique …
Pour la dernière visite de ce minitrip, nous nous sommes rendus au Château du Breuil (Le Breuil-en-Auge). Un site remarquable, un fleuron architectural des XVIe et XVIIe siècles, un parc fleuri de 28 hectares, un lac, une distillerie au savoir-faire ancestral … le domaine du Château du Breuil est un lieu hors du temps ! Le château même et ses tours, le portail, les anciennes douves et l’orangerie sont le reflet de 400 ans d’histoire du lieu. Au fil du temps, le Château du Breuil est devenu une marque réputée dans le monde entier. Il est un véritable label de qualité pour son Calvados AOC Pays d’Auge : une technique naturelle et maîtrisée
« de la terre au sens », pour des spiritueux d’une pureté et d’une précision absolue. En un mot : une « Fabrique » de spiritueux aussi beaux que bons.
Nous avons été plongés dans les secrets de fabrication de ces spiritueux à travers la visite de la Distillerie et du Chai de vieillissement historique, depuis les pommes jusqu’aux alambics. Le parcours était ponctué par un spectacle son et lumière « La Part des Anges ». Pour terminer, nous avons tous été convaincus par la double dégustation de ces doux nectars ! Pas étonnant qu’il y avait une longue file à la caisse de la boutique !
Nous sommes ensuite retournés à notre hôtel pour un dernier « repas prestige » : délicieux et raffiné. On peut d’ailleurs donner une note globale très satisfaisante à l’hôtel. Le retour à Gembloux s’est déroulé sans encombre.
Nous avions tous déjà visité la Normandie et nous pensions tout connaître sur cette belle région. Pourtant, nous avons découvert la Normandie comme si nous n’y étions jamais allés, ceci grâce à Florent, notre excellent guide. Un tout grand merci aussi à Thierry. Mais sans vous, sans votre confiance, votre fidélité et votre soutien, un tel voyage ne serait pas possible : mille mercis à vous toutes et tous !
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